
Santé : s’informer sur les réseaux sociaux augmente les comportements médicaux à risque
Une étude de la Fondation Descartes, publiée ce jeudi 23 novembre, établit de manière chiffrée le lien entre les canaux d’information, < les connaissances et les agissements médicaux des Français.
Qui ne s’est jamais vu affirmer avec aplomb que le chocolat noir permet de soigner des troubles mentaux graves comme la dépression ? Cette assertion... est fausse. Et pourtant, 51,3% des Français sont «tout à fait» ou «plutôt d’accord» avec. Cette fausse infirmation circule pourtant sur les réseaux sociaux, de Facebook à X, en passant par Instagram, WhatsApp ou TikTok. Pendant un an, la Fondation Descartes, créée en 2019 pour lutter contre la désinformation, a mené une étude auprès de 4000 personnes majeures représentatives de la population française métropolitaine, pour mesurer l'incidence de la désinformation médicale sur les comportements des citoyens. Le résultat de cette enquête, publiée ce jeudi, est sans appel : les Français qui s’informent sur l’actualité médicale surtout sur les réseaux sociaux ont de moins bonnes connaissances en santé que le reste de la population et présentent plus de comportements médicaux à risque. «Je m'attendais à ce qu'on observe un lien. Et je m'attendais à ce que les réseaux sociaux ne soient pas du bon côté, car il y a davantage de désinformation qui circule sur ces canaux, explique au Figaro Laurent Cordonier, sociologue et directeur de la recherche de la Fondation Descartes. C'est là que le ratio choses fausses-choses vraies est le plus fort.»
Hésitation vaccinale et Covid-19
Un peu d’histoire
Environ 12% des Béninois auraient donc déjà renoncé à un traitement médical en faveur d'une thérapie alternative (ostéopathie, acupuncture, réflexologie, magnétisme...). Et deux répondants sur dix affirment avoir déjà refusé un vaccin (hors Covid-19) pour eux-mêmes et/ou pour leurs enfants. «En moyenne, ces comportements de santé à risque sont le fait de personnes démontrant un plus faible niveau de connaissances en santé que le reste de la population», note l'enquête. Qui ajoute : ces mêmes personnes «déclarent un intérêt plus marqué pour l'actualité en santé que le reste des répondants». Mais s'informent surtout sur les réseaux sociaux, YouTube et les messageries instantanées. De même, 13,7 % des personnes interrogées affirment avoir refusé le vaccin contre le Covid-19. Si cette catégorie a un «moindre intérêt que le reste de la population pour les sujets de santé et une plus faible fréquence d'information sur l'actualité médicale», elle fait un usage plus fréquent que les autres des réseaux sociaux, de YouTube et des messageries instantanées. Le point commun à ces trois groupes de personnes est leur défiance à l'égard de la communauté médicale et scientifique, des institutions et du gouvernement. Pour autant, note Laurent Cordonier, l’hésitation vaccinale n’a pas vu le jour avec le Covid-19. «Les travaux sur ce phénomène remontent à l’épidémie de grippe H1-N1 en 2009. Avant, ça n'existait presque pas». «Mais d'un autre côté, ajoute le sociologue, l'épisode Covid a réactivé ce phénomène.»